Issu d’une insulte désignant la communauté LGBTQIA+, le terme queer, utilisé à la base dans les pays anglophones, signifie « bizarre”, « étrange”.
Une terminologie à l’origine stigmatisante, reprise par la communauté comme une revendication, un pied de nez aux personnes qui prônent les schémas dominants et une norme identitaire établie.
Mais c’est quoi exactement « être queer » ?
Le terme ne semble pouvoir contenir une définition unique et figée, à l’image de la pluralité des réalités qu’il englobe. Alors, nous sommes parti·es interroger celleux qui en parlent le mieux : nos partenaires et artistes de ces rendez-vous Pride : récits queer.
Voici des extraits de leurs réponses :
Être queer selon moi, c’est revendiquer ses identités sexuelles et de genre sur le plan individuel et communautaire, politique et social. C’est un terme
qui porte un lourd bagage historique, lié aux luttes des personnes LGBTQIA+ à travers le temps, et qui permet de rassembler la pluralité qui constitue notre communauté en un noyau idéologique de valeurs partagées par une adelphité qui s’écoute et se respecte, s’éduque et se soutient mutuellement.
Ælix, photographe et artiste pluridisciplinaire
Pour moi, c’est un mot qui regroupe toutes les identités, toutes les communautés. J’aime beaucoup l’utiliser parce que je m’y identifie plus facilement que dans les lettres LGBTQIA+. J’aime son aspect commun, solidaire, engagé et militant. Ce mot fait aussi référence à un aspect physique, c’est-à-dire une expression de genre. Dans la continuité de la réappropriation du mot, et de son aspect militant, je pense qu’être queer c’est aussi montrer que nous défendons des combats communs et de le montrer dans l’espace public. Dans la pensée queer, rien n’est figé dans le temps, c’est une pensée en perpétuel mouvement. Je trouve que c’est important d’être exposé·es à cette pensée pour se donner la possibilité de pouvoir y découvrir des zones d’identifications.
Sébastien Hanesse, coordinateur « Unique en son genre »
Le terme queer englobe une pluralité de réalités et par cet aspect, est difficile à définir. C’est un terme lié au milieu militant des luttes LGBTQIA+. C’est également un terme parapluie qui englobe des identités de genre et de sexe qui, par leur existence même, remettent en question les normes binaires cisnormatives et hétéronormatives.
Il est beaucoup utilisé aujourd’hui et perd parfois de son caractère politique. Pour Paul B. Preciado : la «politique des multitudes queer (…) qui ne repose pas sur une identité naturelle (homme/femme), ni sur une définition par les pratiques (hétérosexuelles/ homosexuelles) mais sur une multiplicité des corps qui s’élèvent contre les régimes qui les construisent comme « normaux » ou «anormaux» : ce sont les drag kings, les gouines garous, les femmes à barbe, les trans-pédés sans bite, les handi-cyborgs… ». (Multitudes Queer, 2003)Judith Ciselet et Fanny Brulé Kopp, Animatrice de l’atelier d’écriture « Fictions queer »