Apprendre à apprivoiser, explorer et renouer avec notre corps.
La To Do Cie était en résidence à La Vénerie/Espace Delvaux la semaine du 20 février avec leur projet Hystera – Matrice. Un spectacle pluridisciplinaire en cours de création dans lequel elles abordent le sujet du corps et de ses représentations.
Nous avons rencontré Sun Lhonoré et Célia Rorive, les porteuses du projet, afin d’échanger quelques mots sur leur spectacle.
Q: Pourquoi avoir appelé votre projet HYSTERA ?
R: ὑστέρα, hystera est un mot issu du grec ancien qui peut avoir plusieurs sens et sémantiques différentes. Ici c’est dans le sens de la matrice, un peu comme l’origine du monde.
Q: Comment est né le projet ?
R: Hystera – Matrice est né suite à la participation à un projet axé sur notre vécu en tant que femme et plus particulièrement des violences gynécologiques. La thématique nous a interpellé et nous sommes donc parti de cette idée là pour créer notre propre projet, Hystera – Matrice.
Q: Quelles étaient les différentes étapes de réflexion et de création ?
R: Chacun.e a vécu des expériences multiples à travers son corps et la façon dont la société le considère, déshumanise et exclut encore trop souvent (binarité, handicap, couleur de peau, signe religieux visible, âge, conditions sociales, etc.)
Notre intention est de donner la parole à l’humain, au-delà de la conception binaire qui nous apparaît comme obsolète et réductrice, et lui permettre d’aborder le sujet du corps pour cheminer vers une perception plus complexe et plus libre de soi et de l’Autre et d’ouvrir de nouveaux horizons basés sur le respect, la joie et la singularité.
La première étape a donc été de concevoir un questionnaire dans le but de s’interroger sur notre physique et sur notre rapport au corps en général. Qu’est-ce qu’un homme ? Qu’est-ce qu’une femme ? Qu’est-ce qu’on vient faire sur terre ? Vous vous sentez à l’aise avec votre corps ? Qu’est-ce donc que ce corps, ce véhicule que nous habitons pour vivre cette aventure ?
Ensuite après avoir reçu plusieurs réponses à notre questionnaire, nous avons organisé des rencontres avec les personnes intéressées de tout âge, de tout genre afin de partir de leur réalité physique. Lors des échanges, nous avons mis en place un cadre d’écoute pour que chacun.e puisse déposer librement des ressentis, des anecdotes, des questions. Tout au long des tables rondes, Sun circulait autour du groupe avec une caméra pour filmer des parties de corps, elle cadrait autour de la gestuelle des mains, du regard, des pieds, etc. pour garder l’anonymat.
Q: Qu’est-ce que vous avez fait de toutes ces rencontres et témoignages ?
R: Les témoignages recueillis sont le moteur de ce qui se raconte sur le plateau. Pour nous, il était important d’intégrer notre public à notre projet, donner l’occasion à celleux qui ont le moins souvent la parole, de s’exprimer pour rompre l’isolement et favoriser la liberté d’expression.
A travers leur corps, les interprètes (Marine,Yentl et Charline) transposent l’énergie des différentes histoires de vie des personnes interviewées. Cette forme pluridisciplinaire propose d’articuler une composition corporelle au plateau avec un documentaire (pistes audio, images).
Q: Quel est l’intérêt d’une résidence pour vous ? Et quel était le but de cette résidence à La Vénerie ?
R: L’intérêt de la diversité, la rencontre avec les gens, l’accueil des lieux qui nous reçoivent mais aussi le partage. Cette résidence-ci était plus axée sur la technique et l’agencement des différents tableaux avec les audios et vidéos.
Q: Vous prévoyez des rencontres après les spectacles ?
R: Bien sûr ! Ce qu’on souhaite avec ce projet c’est de susciter des questionnements et de libérer la parole à propos de sujets qui peuvent encore rester tabou dans notre société.
Nous voulons éveiller la réflexion, le débat…après le spectacle, le but est d’inviter à la rencontre des citoyen.n.es avec des cercles de paroles. Et pourquoi pas inviter des associations pour parler plus particulièrement d’une thématique avec notre public.
