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Congrès 2022 de l'ENCC : Régénérer les territoires

Congrès 2022 de l'ENCC : Régénérer les territoires

Le titre de la dernière conférence annuelle de l’ENCC sonne comme une évidence :“Make Space for the Future”.
Nul doute que sur la centaine de participant.e.s venu.e.s des quatre coins de l’Europe, agir dans l’espace public en collaborant avec les citoyen.nes est un leitmotiv. Durant trois jours à Turin, nous nous sommes inspirés les uns des autres, animés par la détermination de passer des mots aux actes.

À chaque édition, la conférence annuelle de l’ENCC propose un programme varié et chapeauté par le staff et son conseil d’administration, en partenariat avec un acteur local accueillant l’ensemble de l’événement.
À Turin, c’est la Casa del quartiere (traduisez Maison de quartier) “Cecchi Point” qui a accueilli des européen.ne.s pendant trois journées intenses sous une chaleur de juin bien au rendez-vous.

Un large panel d’intervenant.e.s aux profils et horizons variés (Allemagne, Serbie, Italie, Roumanie, Pologne, Lettonie …) se sont succédé lors de conférences sur la durabilité et la présence dans l’espace culturel, des visites du territoire dans les quartiers populaires d’Aurora, Valdocco et Barriera di Milano ainsi que des ateliers concentrés sur les échanges de bonnes pratiques (socio)culturelles. Les témoignages diversifiés et riches de sens sur la réorganisation citoyenne des territoires urbains, le monde rural et ses ressources insoupçonnées, ou des festivals écoresponsables ont abondé pendant ce séminaire, mêlant originalité et créativité pour répondre aux défis que posent les espaces culturels d’aujourd’hui et de demain.

C’était également l’occasion d’assister à la cérémonie des UPGrants, des prix que décerne l’ENCC pour encourager, fortifier des initiatives culturelles et visibiliser des projets novateurs.
Et c’est bien de cela dont il s’agit lorsque l’on participe à l’une de ces rencontres, de la bouche des participant.e.s eux.elles-mêmes, c’est l’occasion de respirer, de prendre du recul, pour ensuite s’inspirer les uns les autres.

Petit tour d’horizon sur ces temps suspendus, entre deux bouffées d’air.

LA COLONISATION DES IMAGINAIRES

L’implication et la participation des citoyen.nes et des associations locales apparaissent comme les deux ingrédients majeurs pour penser le développement territorial. Ces points de départ ouvrent et façonnent un territoire, le transforment pour donner naissance à des nouvelles formes de coexistence et de civisme comme l’explique Irina Suteu de l’association Non Riservato spécialisée dans les interventions en espaces publics.
L’objectif ? Transformer des places publiques ou endroits de circulations denses en zones piétonnes, y organiser des performances et des actions d’art visuel pour transformer peu à peu ces espaces en lieux multifonctionnels dédiés aux interactions sociales. Avec son approche systémique, l’association Non Riservato brise la mentalité de silo.

Deuxième axe immanquable prôné par les organisatrice.eur.s et les participant.e.s : la durabilité. Comment les organisations culturelles peuvent-elles répondre à la crise climatique ? Comment peuvent-elles s’appuyer sur des initiatives pour encourager des efforts et recommander des approches stratégiques pour un impact écologique positif sur le plus long terme ?
Ces questions et tant d’autres trouvent des réponses dans des projets audacieux comme le Slowfest Low Carbon events présenté par Maud Gari.

LA JEUNESSE COMME UN ÉLÉMENT ESSENTIEL DU DÉVELOPPEMENT LOCAL

Depuis maintenant trois éditions, le Centre culturel et Centre d’Expression et Créativité La Vénerie se rend aux rencontres de l’ENCC pour partager son expertise et s’inspirer à l’occasion d’un workshop thématique. Sous le prisme de la jeunesse et à travers trois projets menés avec des adolescents , nous avons interrogé les dynamiques sociales à l’œuvre.
À l’aide de photos, de documents créés par les jeunes et d’une animation questionnant les rêves d’enfants des participant.e.s, nous avons interrogé et cherché les ingrédients nécessaires pour mener et impliquer des projets avec jeunes alliant expression et activation de l’espace public.

La pandémie et les confinements successifs sont venus interroger profondément notre attachement à l’espace. L’espace que nous nous offrons. L’espace intime et commun. Les participant.e.s ont été particulièrement réceptifs sur l’exemple « On Sème des Mots » qui rassemble des jeunes de Watermael-Boitsfort autour de la question de la transition et de l’écologie. Initié à partir d’une balade poétique en forêt pour explorer nos liens avec la nature, le groupe a poursuivi sa route avec en ligne de mire se former, s’exprimer et agir. Aujourd’hui iels lancent le projet intergénérationnel “Génération couture”, un pied de nez à la fast fashion puisque les jeunes accompagnés de séniors transforment des vêtements de seconde main au goût du jour.

À l’issue de notre intervention et après un travail collectif en sous-groupe, nous avons accouché de bonnes pratiques et de clès de compréhension. Les éléments fondamentaux semblent être la gestion concertée (tout projet dit partir des jeunes et non de la structure qui les accompagne), donner les moyens, le soutien et la reconnaissance sans oublié de nourrir une confiance réciproque.

VERS PLUS D’INTÉGRATION CULTURELLE EUROPÉENNE

De ces rencontres à Turin, nous retenons d’abord des visages et des mines heureuses, contentes d’avoir échangé, en anglais d’abord, en toute autre langue ensuite, pour finir par un poétique Ciao, sur des sujets qui nous tiennent à coeur. Nous avons tou.te.s des missions et enjeux similaires et la diversité de nos expériences vient décliner et illustrer en d’infinies possibilités ce qui reste à notre portée en matière d’innovation culturelle. Le cadeau principal de cette conférence, c’est la prise de conscience qu’un réseau formidable existe et fourmille si l’on prend la peine de pousser la porte et de regarder au-delà du rideau national, régional ou linguistique. À ce titre, l’ENCC joue son rôle de levier pour passer des mots à l’action.

S’il existe déjà plusieurs sources de subventions en Belgique, il ne faut certainement pas mettre de côté ce qu’offre l’Europe. Ainsi, nous avons eu l’opportunité d’avoir un tour d’horizon sur les principales sources de subsides européens activables par les opérateurs culturels belges, à savoir : Creative Europe , Erasmus+ ou INTERREG . Outre d’autres sources mineures, ces trois leviers majeurs permettent de mettre en place des projets qui se passent.